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Fédération des Landes du Parti Radical de Gauche

Sarkozy à l'ONU

24 Septembre 2007 , Rédigé par Jean-Philippe Guerini Publié dans #prglandes.org

ONU-Sarkozy.jpgwebmaster_220.gifC’est son premier grand oral devant le monde. Nicolas Sarkozy sera aujourd’hui et demain à New York à l’Assemblée générale des Nations unies, le grand rendez-vous diplomatique annuel de la planète. La question du réchauffement climatique sera d’entrée de jeu au menu du président français qui participe ce lundi avec quelque 80 chefs d’Etats et de gouvernements à une conférence sur le sujet. Mais c’est surtout sur les dossiers les plus chauds, tels le nucléaire iranien, que «l’hyperprésident» est attendu, alors que s’affirme depuis son élection un évident changement de ton et de style de la diplomatie française.

 
Outre le discours devant l’Assemblée générale, le clou de la visite sera demain après-midi la réunion du Conseil de sécurité sous présidence française qui se tiendra, exceptionnellement au niveau des chefs d’Etats ou de gouvernements. Elle sera consacrée à l’Afrique. L’objectif avoué de Paris qui a pris cette initiative fin août, était de «mobiliser davantage la communauté internationale face aux défis de la paix et de la sécurité» sur ce continent. Et bien sûr l’un des enjeux majeurs est la question du Darfour. Il s’agit de hâter le déploiement au Tchad et en République centrafricaine d’une force mixte ONU-Union européenne pour protéger les victimes civiles du conflit. Elle agirait en parallèle avec une force mixte ONU-Union africaine déployée à l’intérieur même du Soudan. L’activisme un peu brouillon du président français sur ce dossier est très apprécié à Washington, où le sujet a un écho médiatique et dans l’opinion sans commune mesure avec la France et l’Europe.
Convergence.  Les discours du président français à New York sont d’autant plus attendus que depuis son arrivée à l’Elysée les relations entre Paris et Washington se sont nettement réchauffées. Sur le dossier du nucléaire iranien, les deux capitales sont peu ou prou sur la même longueur d’onde menaçant Téhéran de nouvelles sanctions plus dures si le régime ne cède pas à la pression internationale pour suspendre son programme d’enrichissement. «Il n’y a pas en substance de différence dans la façon dont nous voyons la situation et sur ce que la communauté internationale doit faire», soulignait Condoleeza Rice vendredi à l’issue d’un déjeuner avec son homologue Bernard Kouchner. Le changement de ton du président français sur ce dossier crucial était devenu perceptible dès la fin de l’été, quand lors de la conférence des ambassadeurs à Paris, il avait souligné les termes de l’enjeu «éviter l’alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran.» Paris voudrait avancer sur des sanctions supplémentaires, hors du cadre de l’ONU au niveau de l’UE. Faute de rallier l’ensemble des Vingt-Sept, Sarkozy espère au moins embarquer Londres et Berlin, afin de ne pas faire cavalier seul. Mais l’Allemagne rechigne et affirmait publiquement encore la semaine dernière «apprécier le travail» de Mohamed el-Baradei, le chef de l’AIEA (Agence internationale pour l’énergie atomique) qui, soutenu par les Russes et les Chinois, a accepté de donner jusqu’à la fin de l’année à Téhéran pour faire la lumière sur ses activités nucléaires.
Autre point de convergence avec Washington, plus en rupture celui-ci : l’Irak, où le président français avait dépêché son ministre des Affaires étrangères. Fini le temps où Paris et Washington croisaient le fer sur les fautes du passé, Sarkozy veut tourner la page. Mais pas question pour autant de s’engager sur ce terrain explosif hors du cadre onusien.
Au Liban, en revanche, Paris et Washington sont parfaitement au diapason comme ils l’étaient déjà d’ailleurs avec Jacques Chirac et la France maintient son soutien sans faille au gouvernement de Fouad Siniora et à la majorité antisyrienne. Et le ton reste toujours aussi ferme vis-à-vis de Damas même si Sarkozy n’a pas l’acrimonie personnelle à l’égard de Bachar el-Assad de son prédécesseur qui n’a jamais surmonté l’assassinat de son ami Rafic Hariri. Sur le dossier israélo-palestinien, la France n’entend plus avoir de voix particulière et Paris s’est illustré par son silence après la prise de pouvoir du Hamas à Gaza en juin. Il y a fort à parier que la diplomatie française n’aura aucun rôle moteur particulier dans la conférence de paix sur le Proche-Orient, prévue en novembre.
«Ceux qui chipotent».  Sur la défense, Paris va aussi dans le sens d’un resserrement du lien transatlantique évoquant même à terme un possible retour au sein du commandement intégré de l’Alliance atlantique que la France avait quitté dans les années 60 avec le général de Gaulle. «Nous sommes trop souvent ceux qui chipotent et qui barguignent comme si nous voulions donner le sentiment de vouloir empêcher l’Otan de se transformer», avait lancé Hervé Morin, le ministre de la Défense, soulignant la nécessité de mieux articuler la politique européenne de défense avec celle de l’Alliance. Dès 1996, la France avait en fait déjà rejoint le comité militaire de l’Otan.
Ces nouveaux accents de la politique étrangère française nourrissent les arguments de ceux qui s’inquiètent d’un alignement atlantiste. A gauche bien sûr, mais aussi dans certaines franges de la majorité parmi les gardiens autoproclamés de l’héritage gaulliste dont l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin qui dénonce «un infléchissement de la politique française dans un sens qui peut paraître un rapprochement parfois même un alignement sur certaines positions de l’administration Bush».

Lu dans : lib_ration.gif
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