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Fédération des Landes du Parti Radical de Gauche

DES VERITES BRUTALES

10 Juin 2006 , Rédigé par Elisabeth BOYER - Secrétaire générale Publié dans #Les Communiqués

La vie politique de ces dernières semaines prend une tournure bien sympathique. Le procès permanent fait aux politiques de manquer de projet, d’être inaudible, incapable de se faire comprendre du grand public vient de tomber. Il suffisait qu’à gauche, on ose dire quelques vérités.
 
Décidant de rendre publiques ses consultations participatives avec les internautes, la candidate socialiste aux présidentielles a pris le parti d’assommer son camp avec des conclusions iconoclastes sur les 35h et la sécurité. C’est ce qui s’appelle déchirer le voile.
Le tintamarre médiatique qui a suivi ses déclarations est instructif, tant de la manière dont prend place un débat politique dans le pays, que de la chape de plomb qui paralyse la gauche depuis son échec de 2002.
 
Sur le fond, rien de ce que décrit Ségolène Royal sur l’application des 35h ne peut choquer un observateur critique et lucide. Encore moins les radicaux qui avaient mis en garde les premiers, à gauche, le gouvernement de Lionel Jospin sur les difficultés du passage aux 35h dans les petites entreprises et pour les salariés des services.
Pas besoin de statistiques savantes pour vérifier soi-même que les employés de magasins ont payé la réduction du temps de travail et la flexibilité des horaires par des conditions de travail beaucoup plus dures. Des temps morts inutiles, des moments de repos comptabilisés, une cadence accrue du fait du décompte tatillon des heures travaillées : la réorganisation du travail au sein des entreprises a d’avantage profité aux cadres qu’aux salariés modestes. La modération salariale imposée a achevé de décrocher les classes populaires du bénéfice collectif des 35h.
 
Les radicaux ont toujours tenu ce discours mais, d’avoir eu raison trop, ils n’en ont pas eu le bénéfice politique. Et pour être entendue, la critique ne pouvait venir que de l’intérieur du camp socialiste, amplifiée par le levier pervers de la mécanique médiatique qui ne rend écho qu’à celui qui semble tirer sur son propre camp.
 
L’ampleur de la polémique sur les 35h et la sécurité résonne comme un retour du refoulé, à la mesure de la peur d’une bonne partie de la gauche de regarder en face les causes du 21 avril. L’incapacité à se juger de l’intérieur et à se déjuger publiquement a crée, à gauche, un tabou absolu sur ces sujets.
Ces débats sur les 35h et la sécurité sont-ils utiles à la gauche ? A un an de la présidentielle, peuvent-ils lui permettre de gagner ?
Oui. Ils sont une épreuve de vérité incontournable, un effort de lucidité auquel la gauche de gouvernement doit se soumettre sans complaisance. Ce qu’elle n’a pas fait après le 21 avril.
 
De plus, ils sont efficaces pour retrouver l’électorat populaire qui, quand il se plaint de ne rien comprendre au langage politique, regrette plutôt l’absence de sincérité et le défaut de bon sens. Cet instinct populaire est le fondement de la démocratie.
Enfin, ils relancent aujourd’hui le débat à gauche tout en réactivant en même temps le clivage droite/gauche. Une vraie position de gauche sur ces sujets, est de ne pas se satisfaire de ce qui est. C’est reconnaître qu’il reste beaucoup à faire pour combattre les inégalités dans le travail et le cadre de vie dont souffrent en premier les classes populaires, les familles fragiles et les classes moyennes.
 
La gauche doit revoir son projet d’une République sociale, égalitaire et protectrice. Cette ambition porte le programme que les radicaux se sont donnés pour 2007.
 
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