Quand le gouvernement fait du « social »

Monsieur de Villepin annonçait hier un relèvement de la prime pour l'emploi, une petite allocation pour quelques étudiants, et, fâchant le MEDEF, un « chèque transports » facultatif, pour partie à la charge des entreprises qui accepteraient de le mettre en œuvre.
Certaines de ces mesures portent la marque du traitement inégalitaire : avantage financier réservé aux seuls étudiants qui ont quitté le foyer familial, chèque transports à la carte, sans égard d'ailleurs pour les travailleurs indépendants qui, eux aussi, subissent la hausse des carburants. Une autre, le relèvement de la prime pour l'emploi, pourrait surprendre, dès lors qu'on y verrait une sorte d'hommage rendu à un dispositif créé par la gauche. Toutes ces mesures ont en commun de constituer des formes « d'impôts négatifs », c'est-à-dire d'allocations publiques accordées à telle ou telle catégorie. Pour être comprises, elles doivent être rattachées à l'effort parallèle de remise en question de la progressivité fiscale (impôt sur le revenu, droits de succession), avec lesquelles elles sont en parfaite cohérence.

La droite libérale poursuit le projet de sociétés clairement inégalitaires, qui préservent les catégories possédantes de tout risque de redistribution de leurs revenus ou de leur fortune, et dans lesquelles la passivité des catégories sociales exclues des privilèges de la prospérité et du pouvoir est recherchée au moyen de « gestes » sociaux qui rappellent la charité du temps des religions. La politique sociale de monsieur de Villepin n'est pas une politique républicaine.

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