Congrès CFDT: clore la crise des retraites pour ouvrir de nouveaux chantiers

La CFDT veut, à l'occasion de son 46e congrès à Grenoble du 12 au 16 juin, mettre un point final aux polémiques entraînées par sa position sur les retraites en 2003, pour engager un débat sur les sujets controversés de la réforme du contrat de travail et des services publics.

Lors du congrès, intitulé "Engagés dans une société en mutation", 1.868 délégués issus des syndicats, fédérations et unions régionales, seront appelés à voter le rapport d'activité, bilan des quatre ans écoulés, renouveler la direction et débattre des orientations du syndicat pour les années à venir, a détaillé lundi devant la presse son secrétaire général François Chérèque.

M. Chérèque, qui a succédé en 2002 à Nicole Notat à la tête de la CFDT, est seul candidat à sa réélection au terme d'un éprouvant premier mandat.

Il a revendiqué lundi ses "résultats": obtention du droit au départ en retraite anticipé, accords sur la formation professionnelle et la santé au travail et retrait du CPE, preuves selon lui de la capacité de la CFDT à "combattre des mesures stigmatisantes".

Mais il a aussi promis de "revenir, sans rien esquiver, sur les épisodes les plus difficiles" des dernières années: "la réforme des retraites et le départ d'adhérents, les négociations difficiles sur l'Unedic et les intermittents".

Le soutien apporté il y a trois ans par la CFDT à la réforme des retraites de François Fillon, en rompant le front syndical, avait provoqué une forte crise interne et une hémorragie de militants mettant un terme à 14 ans de progression des effectifs.

Les adhérents ont reculé de près de 10% ces trois dernières années, à 807.000 à la fin de l'an dernier, contre 889.000 fin 2002, rendant inatteignable l'objectif de 1,2 million que s'était fixé François Chérèque.

Celui-ci se garde désormais de chiffrer une progression des adhérents avec laquelle il souhaite renouer, pour pallier une vague de départs en retraite.

Le congrès devra d'abord répondre aux attentes de militants très critiques face à une direction à qui ils ont reproché, lors de débats organisés de 2003 à 2004, un déficit de démocratie interne et l'absence d'un projet de société.

L'élection d'une direction partiellement renouvelée, légèrement rajeunie, ouverte à certaines fédérations ou régions historiquement oppositionnelles, pourrait être un premier signe d'ouverture.

Ainsi l'Auvergne, et la fédération des transports-équipement (FGTE) pourraient entrer au prochain bureau national (BN): elles sont en effet sorties en tête du vote du conseil national les 17 et 18 mai, qui prédétermine largement l'élection du BN.

Autre signe, quelque 2.200 amendements au projet de résolution, - feuille de route de la CFDT pour les quatre ans à venir -, ont été déposés par les syndicats, un "record", a souligné M. Chérèque.

Parmi eux, la direction a retenu 22 thèmes de débats, parfois "pas évidents à poser quand on est syndicaliste", a reconnu le secrétaire général, citant "la remise à plat" du contrat de travail, l'avenir des services publics, l'exercice du droit de grève et le service minimum dans les transports.

La CFDT, pour laquelle "il n'est pas question de trancher" ces questions au congrès, souhaite au moins entamer "un travail de fond avec ses militants" pour définir ses "objectifs" à venir, a-t-il expliqué.

"Nous avons décidé de ne pas fuir lors du congrès les sujets qui font débat, voire polémique, dans notre société", a résumé M. Chérèque, ajoutant: "certains ne sont pas même envisageables chez d'autres syndicats".