L'inquiétante rupture tranquille de monsieur Sarkozy...
Nourri par les travaux d'une batterie d'experts, l'ouvrage a été piloté par le secrétaire national du PS à l'Emploi, le député de la Drôme Eric Besson. A l'origine, il devait être publié sous forme de livre, mais Olivier Faure, directeur adjoint du cabinet de François Hollande, a suggéré, il y a deux mois, de le mettre en ligne pour attiser des réseaux de discussions autour de son contenu. Celui-ci a aussi été enrichi par des «complicités» internes à la machine ministérielle sarkozyste, en l'occurrence le travail de hauts fonctionnaires de la place Beauvau et de Bercy qui signent sous les pseudonymes de Caroline Laurent, Pierre Bayard et Michel Hauteau.
Pendant près d'un an, cette équipe a disséqué l'action du ministre, analysé le moindre de ses discours et relu ses nombreux écrits. Réfutant le slogan «Sarko, facho», jugé «à la fois stupide et contre-productif», l'analyse évite de sombrer dans la caricature. Elle récuse également les attaques personnelles et toute forme d'approche «psychologisante» (famille, origines, etc.) des prises de position de Sarkozy, qualifié d' «adversaire redoutable». Au-delà de la critique de son bilan, qui, bien qu'argumentée reste sujette à polémique, cette étude a surtout l'intérêt de peindre le président de l'UMP en authentique idéologue, à mille lieues de l'image de l'élu plein de «bon sens» et pétri de pragmatisme qu'il prétend se donner. L'analyse devrait d'ailleurs séduire le dernier carré de chiraquiens qui demeure viscéralement hostile à l'élu de Neuilly : «libéral, atlantiste et communautariste», tel est le triptyque identitaire du sarkozysme, «filiale française de la Bush Cie», selon la formule d'Eric Besson.